Shehaweh

Shehaweh a 13 ans lorsqu'elle est arrachée à sa tribu, battue et violée. À l'Hôtel-Dieu de Ville-Marie (Montréal), c'est Jeanne Mance qui prend soin d'elle et la fait baptiser pendant qu'elle est inconsciente. Elle devient également sa protectrice et sa marraine et espère faire d'elle une bonne chrétienne.

Pour Shehaweh, qui a vécu au coeur de la forêt et au bord des lacs, Paris n'est pas l'endroit Idéal. Son exotisme et sa beauté font pourtant sensation à la Cour du Roi Soleil, au point de devenir un objet de convoitise et d'amusement. Offensé par la déchéance de son entourage, le Roi a un sursaut de vertu et envoie la jeune Indienne à la Salpêtrière avec les orphelines et les prostituées. C'est ainsi qu'elle est recrutée comme Fille du Roy.

Shehaweh est de retour en Nouvelle-France avec un contingent de Filles du Roy. Ces jeunes filles pauvres, abandonnées par leur famille, orphelines, veuves parfois, recevaient généralement une dot de 50 livres de Louis XIV, en vue d'un mariage rapide avec les célibataires des colonies françaises. Malgré l'opposition de Jeanne Mance, Shehaweh épousera quand même un Français mais en y mettant une condition.

Shehaweh est malheureuse; son infertilité et le décès de sa seule protectrice, Jeanne Mance, la hantent. Le mal du pays l'envahit. Elle veut retrouver son peuple. Ayant convaincu Frontenac de conduire une ambassade auprès des siens, elle s'embarque avec lui. Le retour aux sources tant espéré s'avère un cauchemar.

Shehaweh se réfugie dans le seul univers encore possible: la folie. Il lui faudra une énergie incroyable pour sortir de cet état de prostration, de torpeur. Réconciliée avec elle-même, Shehaweh ne peut échapper à sa double identité: ceux qu'elle aime sont autant Amérindiens que Français, en dépit de la guerre qui les oppose. Les tourments, les souffrances et la longue quête de Shehaweh trouvent enfin leur justification et la vie de la jeune femme, tout son sens.