René: Le destin d'un chef
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Quelques mois avant l'élection du Parti québécois en 1976, le leadership de René Lévesque est contesté par l'aile parlementaire de son parti. Dans un geste-surprise, Robert Bourassa déclenche des élections pour contrer le projet de rapatriement unilatéral de la Constitution de Pierre Trudeau. Coup de théâtre, René Lévesque est élu le 15 novembre. Les Québécois l'ont plébiscité en raison de sa popularité personnelle, bien sûr, mais aussi à cause de l'équipe de surdoués qu'il a réunie autour de lui. Une série de lois et de mesures sont proposées par le nouveau gouvernement, notamment en matière de financement des partis politiques, d'assurance automobile et de langue (la Loi 101). Un vent de renouveau souffle. En quelques mois, René Lévesque s'est imposé comme l'homme fort d'un pays que certains commencent à entrevoir. Mais en février 1977, tandis qu'il rentre chez lui après une soirée chez des amis en compagnie de sa secrétaire, Corinne Côté, il renverse et tue un piéton au volant de sa voiture.
(Fourni par la production)Fin d'un rêve. René Lévesque songe à démissionner. Aucune accusation n'est portée contre lui toutefois. C'était un accident. Par la force des choses, le nouveau premier ministre se remet en selle. À Ottawa, Pierre Elliott Trudeau démonise les «séparatistes» nouvellement élus. À Québec, pendant ce temps, le branle-bas se poursuit. La Loi 101 sur la langue est adoptée et les finances sont assainies. Usant de son charme, Lévesque amorce un dialogue avec les autochtones, tandis que Jacques Parizeau, son ministre des Finances, s'active à mettre de l'ordre dans la maison. Des finances saines d'abord, l'indépendance ensuite. Mais sur cette question comme sur bien d'autres, Parizeau et Claude Morin croisent le fer. Ces deux ministres représentent deux pôles. Deux perceptions bien différentes de l'émancipation du Québec. Malgré les discussions, les coups de théâtre et les confrontations, René Lévesque n'en a pas moins le vent dans les voiles. Il épouse Corinne Côté. Dans les sondages, il a la cote. Mais pourtant, lorsqu'il déclenche la campagne référendaire en 1980, la magie de l'élection de 1976 n'y est plus. Les fonctionnaires québécois sont en grève, les militants du PQ ont perdu le feu sacré et Pierre Trudeau, réélu premier ministre du Canada après avoir perdu le pouvoir, joue les trouble-fête en affirmant qu'un Non au projet d'indépendance du Québec équivaudra à un Oui au fédéralisme renouvelé.
(Fourni par la production)Le printemps 1980 s'avère particulièrement difficile. Les embûches se multiplient. La campagne du Oui ne lève pas. Suite à une bourde de Lise Payette, le mouvement des Yvette – le vote des femmes pour le Non – fait basculer un équilibre déjà précaire, le tout conjugué à la campagne de peur que mènent les troupes fédéralistes. René Lévesque reconnaît la défaite le 20 mai 1980, en donnant à ses troupes un «rendez-vous» pour une prochaine fois. Entre-temps, le Québec fait toujours partie du Canada. Claude Morin construit une délicate alliance avec les autres provinces, pour contrer les visées de rapatriement de la Constitution et le nouveau partage des pouvoirs de Pierre Trudeau. Pour sa part, Jacques Parizeau s'oppose à tout rabibochage avec Ottawa. Lévesque, qui doit trancher entre ces deux hommes forts de son gouvernement, tourne le dos à Parizeau et mise sur l'alliance de Morin avec les provinces. Cette aventure se terminera de façon dramatique. Dans ce qu'il est maintenant convenu d'appeler «La nuit des longs couteaux», Lévesque sera «lâché» par les provinces, qui se rallieront à Pierre Trudeau. Comble de l'humiliation, Lévesque apprendra que pendant toutes ces discussions, et depuis plus longtemps encore, Claude Morin était payé en sous-main par la GRC contre informations et documents.
(Fourni par la production)Durs lendemains. La Constitution a été rapatriée sans l'accord du Québec. René Lévesque a demandé et obtenu la démission de Claude Morin, mais ces échecs à répétition ont ébranlé l'homme. L'ont fatigué. Surtout que la bisbille se poursuit sur la question d'une éventuelle association avec le Canada, advenant la séparation du Québec. La question divise à ce point le parti que Lévesque se durcit. Autocratique, il demande et obtient un référendum auprès des membres du parti – le Renérendum – pour imposer sa position sur la question. La base du parti lui donne momentanément raison sur ses adversaires, mais bientôt Jacques Parizeau quitte le gouvernement, suivi de Camille Laurin et de plusieurs ténors de la première heure. Les événements se bousculent. Un tireur fou vide ses chargeurs dans l'Assemblée nationale, en affirmant dans un message que c'est Lévesque lui-même qu'il visait. Les choses se gâtent aussi avec Corinne, sa jeune épouse, qui commence aussi à prendre ses distances. Après des vacances catastrophiques à la Barbade, le premier ministre est rapatrié au Québec et hospitalisé pour surmenage et dépression. On lui ménagera une sortie de scène à sa mesure – parce que son héritage politique est énorme – mais c'est un homme usé qui retrouvera la vie de simple citoyen auprès de Corinne, qui ne l'a jamais abandonné, finalement.
(Fourni par la production)