Le Polock
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Sur une petite ferme de Pologne, au moment des récoltes de l'été 1913, se déroule entre un père et son fils une journée intense qui sera marquante pour l'enfant et déterminante pour le reste de son existence. Ce jour-là, en descendant des collines, l'homme de 50 ans confie au petit Wojteck un secret, son rêve le plus cher. Celui de pouvoir un jour s'offrir la ferme qui s'étend devant leurs yeux en contrebas des collines et ainsi sortir sa famille de la pauvreté. À leur retour, après les travaux des champs, le père, pris d'une crise aiguë d'asthme, remet les rennes à son fils. Wojteck se voit confronté à l'urgence de ramener son père agonisant à la maison et doit maîtriser l'attelage qu'il n'a encore jamais mené. Le soir même, le père meurt, laissant derrière lui son rêve en héritage. Suite à ce jour, et jusqu'à l'âge adulte, Wojteck garde le secret, tel que promis, mais l'absence du père, le départ de ses frères pour la guerre en 1914 et les années de privation et de frustration qui se succèdent, exacerbent le rêve et avivent l'impatience du jeune homme, pressé de le réaliser, même si pour cela, il doit s'exiler. Malgré les supplications de sa mère pour le retenir en terre polonaise, Wojteck part pour le Canada en promettant de revenir et d'acheter la ferme au bas des collines. Pendant cinq ans, l'immigrant parcourt le Canada où il travaille successivement dans les plaines de l'Ouest, les mines du Nord et les usines de Toronto. Au bout de ce terme, et riche de la somme qui lui permettra d'acquérir la ferme de Pologne, Wojteck reprend le train vers Halifax où il prévoit prendre le bateau du retour. Au cours du voyage, il fait la rencontre de Violaine Langlois, sa voisine de compartiment à qui il confie son grand bonheur de retourner dans son pays. L'humeur joyeuse prend brusquement fin quand une montée de fièvre vient indisposer le jeune homme. On le transporte à un hôpital de Montréal où on diagnostique la scarlatine. On vaccine alors les passagers du train, par mesure de prudence, et brûle dans un incinérateur les vêtements du malade pour prévenir toute contamination. À son réveil, Wojteck réclame son paletot. Quand il apprend à son grand désarroi qu'on l’a brûlé, il éclate en sanglots. La petite fortune, amassée en dollars depuis les cinq dernières années, était dissimulée dans le collet du manteau. Cinq années viennent de partir en fumée et le rêve de repartir, d'autant retardé.
(Fourni par la production)De l'église polonaise de Montréal, le curé Kurowsky dirige Wojteck chez Émilia, une vieille Française qui ouvre sa porte à l'immigré, le temps qu'il se refasse une santé physique et morale. Incapable de retourner vers son pays les mains vides, Wojteck décide de regagner la somme perdue. Il s'engage dans une manufacture de fourrure de Montréal où le hasard lui fait rencontrer le frère de Violaine, Gaston, un flemmard qui travaille dans la même entreprise. À partir du moment où Violaine revoit l'étranger, un vif sentiment d'amour la remue et l'amène à rompre ses fiançailles avec Louis-Georges, son prétendant de longue date et surtout, de bonne profession. Aurore, la mère de Violaine, qui rêvait jusque-là pour sa fille d'une belle existence, se voit privée de l'allocation que lui versait Louis-Georges pour venir en aide à sa future famille. Elle ne s'explique pas le revirement de sa fille. Wojteck et Violaine se voient en cachette. Elle sait que tôt ou tard son bel étranger devra repartir, mais le sentiment qui l'habite est trop fort pour être étouffé. De son côté, Wojteck est de plus en plus torturé par ses sentiments amoureux. Violaine le suivrait-elle là-bas? L'aime-t-elle assez pour l'épouser? La réponse est négative. Violaine ne pourrait pas, comme lui, abandonner sa famille et s'exiler. Leur passion est puissante mais elle aura fatalement une fin. Violaine est prête à aimer un souvenir.
(Fourni par la production)Les fréquentations clandestines de Violaine et Wojteck aboutissent aux oreilles d'Aurore. L'idée de savoir sa fille avec un pauvre immigrant est insupportable. La situation s'envenime dramatiquement quand son fils Gaston est renvoyé de l'usine et que le Polonais, lui, garde son emploi. La xénophobie d'Aurore, mesurée jusqu'ici, éclate dans sa verte splendeur. Elle ne ménage ni les insultes, ni les menaces, ni les affrontements avec l’immigrant. Révoltée par l'attitude méprisante et gratuite de sa mère, Violaine jette les gants à son tour. Elle prend la défense de son amoureux. Aurore la répudie. Violaine se réfugie chez la vieille Française avec Wojteck et provoque un scandale dans la paroisse catholique. Le curé la chasse des orgues de l'église où elle jouait tous les dimanches. Au couvent, où elle enseignait la musique, les soeurs se voient contraintes, elles aussi, de lui demander sa démission. L'existence de Violaine vient d'éclater. Elle est montrée du doigt, indigne et déchue.
(Fourni par la production)Violaine accepte d'épouser Wojteck. Ils projettent de partir ensemble. Leur mariage, refusé par le curé de la paroisse, a lieu à l'église polonaise. Le voyage de noces se déroule en quelques minutes, en robe blanche, à bicyclette dans les rues de la paroisse catholique où les mauvaises langues clament l'irrévérence de la petite maîtresse de musique ensorcelée par le Polock. Malgré le tumulte créé autour d'eux, le couple vit heureux. Violaine s'est engagée à la manufacture de fourrure. Elle est enceinte. Très bientôt, ils auront ce qu'il faut pour partir en Pologne et présenter l'enfant à la famille de là-bas. Premier septembre 1939, Violaine, prise de malaise, à six mois de grossesse, doit quitter la manufacture. Wojteck l'escorte chez Émilia pour qu'elle s'y repose. Étrangement, la vieille les accueille sans joie. La Pologne est en guerre. Hitler est entré à Danzig. Il se dirige vers Varsovie. La vie de Wojteck bascule. Il veut rejoindre ses frères. Ses amis polonais le ramènent à la raison. Rien ne sert de partir se battre là-bas maintenant. La Pologne compte déjà assez de morts comme ça. Depuis ce jour, jusqu'à la fin de la guerre, Wojteck ne connaîtra pas de paix intérieure. Un matin de printemps en se rendant à l'usine, Wojteck aperçoit un suaire noir sur la porte de la maison familiale de Violaine. Son père Marcel a été enterré sans qu'on les avertisse du décès. Violaine en est cruellement blessée. Quelque temps plus tard, c'est la soeur de Violaine, Camille, qui vient demander du secours chez le Polock. Gaston, avec la connivence de Berthe, sa femme, a déposé les objets personnels d'Aurore à la rue. La mère et la fille sont évincées de la maison familiale. Violaine se refuse à les aider. Sa mère a trop méprisé son Polock de mari pour qu'elle ne lui vienne en aide aujourd'hui. Wojteck, étonnamment, voit dans la situation une revanche douce à son coeur. Il anticipe la honte qu'éprouvera Aurore en prenant asile chez un vulgaire immigrant errant. Il se dit prêt à accueillir Aurore chez lui.
(Fourni par la production)La guerre sévit. Pas celle d'Hitler, mais celle d'Aurore et de son gendre, sournoise et persistante comme celle d'Europe, avec sous le même toit les enfants qui naîtront au nombre de quatre, la belle-soeur Camille, l'épouse Violaine et la présence silencieuse de la famille de là-bas, dont Wojteck se sent responsable et à qui il expédie des vivres, des vêtements et de l'argent qu'Aurore lui reproche de ne pas donner à ses propres enfants. Au bout de cinq années d'affrontements, Aurore abdique enfin. Une lettre venue d'Europe informe Wojteck que la maison de ferme rêvée de Pologne, longtemps occupée par les nazis, a finalement été brûlée. Cette triste nouvelle, ironiquement, rassure Aurore qui en déduit que le Polock n'amènera pas sa fille là-bas. Le rêve du couple n'est plus. Aurore jette cartes sur table en toute sécurité. Elle craignait tout ce temps de finir sa vie seule dans un hospice, rejetée par son fils et abandonnée par sa fille émigrée en Pologne. Quelques semaines plus tard, Wojteck apprend par courrier la mort de ses trois frères. Tous les regrets du monde s'abattent alors sur lui. Il ne se pardonne pas son départ. Sa mère, devenue aveugle, a trouvé refuge chez les soeurs. Elle se meurt et le réclame à son chevet. Mais Wojteck craint maintenant, en retournant là-bas sous le régime communiste, d'être interdit de retour ici, où il a bâti sa propre famille. Violaine incite son mari à repartir régler ses comptes avec sa mère, sa patrie, sa culpabilité, même s'il ne devait pas revenir. Wojteck est déchiré. Ses enfants sont toute sa vie. Mais pour sauver son couple, Violaine décide de l'accompagner.
(Fourni par la production)Le couple se rend en Pologne. Wojteck retrouve sa mère. Elle lui confie avant de mourir qu'il avait raison de partir puisqu'il est le seul de ses fils dont les enfants ne sont pas orphelins aujourd'hui. Elle meurt heureuse de le savoir vivant. Wojteck parcourt avec Violaine les lieux de son enfance, le paysage si beau, la pauvre ferme qu'il a quittée pour un ailleurs meilleur. La nostalgie s'estompe. Reste à traverser la frontière et à revenir au Canada. Après vérification de son passeport, quelques sueurs froides et quelques heures d'attente dans un bureau d'une gare de Varsovie, Wojteck, au bras de sa femme, traverse la barrière douanière et revient au Canada retrouver ses enfants. La page est tournée. L'immigrant peut enfin faire la paix avec lui-même et vivre une seule vie, avec une seule famille, en harmonie.
(Fourni par la production)