Le monde de Gabrielle Roy

Alors qu’elle ne faisait que s’adonner à un jeu d’enfant, un mouvement d’humeur de son père Léon jette Gabrielle dans une profonde tristesse. Réfugiée dans le grenier de la maison familiale, la jeune fille sonde sa peine. Tandis que Mélina, sa mère, assiste à une réunion féministe, Léon, dans un geste réparateur à l’endroit de Gabrielle, s’empare exceptionnellement de la cuisine.

Voulant profiter des soldes au magasin Eaton, Mélina se rend à Winnipeg avec Gabrielle pour lui acheter une nouvelle paire de bottes. Magnifiée par les attentes de sa mère, l’aventure s’annonce joyeuse et pleine de promesses! Or, confrontée à leur modeste pouvoir d’achat et à l’anglais dominant, Gabrielle prend soudainement conscience de la condition des Franco-Manitobains.

Bernadette, une soeur aînée de Gabrielle, revient momentanément à la maison pour se défaire de tous ses biens, avant d’entrer en religion. En souvenir de sa soeur, Gabrielle convoite secrètement un bout de ruban jaune que Dédette a transformé devant ses yeux en un très joli bijou. Aveuglée par son désir de posséder cet objet, Gabrielle passera-t-elle à côté de l’essentiel?

Gabrielle désobéit à sa mère en accompagnant un déménageur et sa fille, partis reloger une famille. Elle espère beaucoup de cette aventure, dont elle a une vision romantique. Ces tribulations lui feront-elles plutôt voir le côté sombre des départs? Cette fugue amène Léon et Mélina à réfléchir sur leur vie d’exilés.

Quand Gabrielle débarque chez sa grand-mère vieillissante, afin d’y passer une partie de l’été, c’est avec la ferme idée qu’elle va s’ennuyer pour mourir. Or, la grand-mère de Gabrielle n’est peut-être pas tout à fait la marâtre qu’elle s’imagine. Grâce à ce séjour à ses côtés, Gabrielle ne verra plus jamais la vieille femme de la même façon.

Gabrielle accompagne sa mère en Saskatchewan où Mélina, mandatée par Léon, a comme mission de dissuader leur fille, Georgianna, de se marier avec un anglophone que la famille désapprouve. Ce périple initiatique éveille Gabrielle aux choses étranges et complexes de l’amour.

Alicia, complice de jeux et soeur favorite de Gabrielle, est terrassée par une méningite dont elle survit avec de graves séquelles. Cherchant à épargner Gabrielle, ses parents Léon et Mélina restent volontairement vagues quant à l’état de santé réel d’Alicia, malgré les visites avec eux à l’institution où Alicia a été placée.

La mort de Léon survient alors que Gabrielle a 19 ans et qu’elle termine ses études afin de devenir institutrice. C’est l’occasion pour elle de se remémorer une histoire mythique de la famille Roy, relatant l’invitation au fameux bal du gouverneur. Conviés à cette fête exceptionnelle, Mélina et Léon s’y étaient rendus, malgré les réticences de ce dernier.

À peine sortie du collège, Gabrielle entrevoit avec un mélange de joie et d’appréhension son premier engagement à titre d’enseignante dans un petit village isolé. D’abord heurtée par le départ annoncé de sa fille, Mélina se fait à l’idée, mais surtout, elle cache à Gabrielle la précarité des finances familiales. 

Le départ du locataire, rue Deschambault, replonge Mélina et Clémence dans un état de grande précarité, tandis que loin de la maison, Gabrielle vit sa première idylle. Or, bien qu’elle s’investisse dans sa nouvelle vie, Gabrielle ne s’y sent pas tout à fait à sa place. Une nouvelle tombe et la met face à un choix déchirant.

Gabrielle et Léa assistent à une représentation de Macbeth à Winnipeg. Elles y croisent Pauline et Arthur Boutal de la compagnie de théâtre Cercle Molière. Les deux amies invitent le couple à la joute oratoire à laquelle elles doivent se livrer. Alors que Mélina a exceptionnellement préparé un goûter pour l’occasion, Gabrielle reçoit une invitation inespérée.

Gabrielle et Léa s’adonnent assidûment au théâtre. La petite compagnie de Saint-Boniface connaît quelques succès, de sorte que Gabrielle et Léa doivent s’impliquer davantage. Pour l’une et l’autre, c’est l’heure des choix. Clémence, qui cultive une certaine jalousie à l’endroit de Gabrielle, dépasse les bornes lors d’une soirée festive.

Gabrielle suit une formation littéraire avec une féministe anglophone de Winnipeg. Notre héroïne s’évertue à poursuivre son éveil culturel, au détriment de l’aide financière supplémentaire qu’elle pourrait fournir à sa famille. Mélina, qui doit se résoudre à solliciter une aide gouvernementale, découvre avec indignation les priorités de Gabrielle. 

La troupe de théâtre du Cercle Molière se rend à Ottawa afin de représenter le Manitoba au Dominion Drama Festival, cofondé par le Gouverneur général du Canada. Grisée par le succès et les mondanités, Gabrielle appelle sa mère qui lui annonce une nouvelle bouleversante.

Tandis que son entourage est au courant de ses plans d’avenir, Gabrielle n’arrive toujours pas à annoncer ses intentions à Mélina et à Clémence. C’est Léa, dont la mère est au plus mal, qui trouve les mots pour convaincre Gabrielle de leur parler. L’annonce du départ de sa cadette porte un coup très dur à Mélina qui laisse sortir sa peine dans les bras de Léa.

Alors que la fin de l’année scolaire, qui annonce le départ de Gabrielle pour l’Europe, approche, Mélina fait une mauvaise chute. La condition de sa mère risquant de compromettre ses plans, Gabrielle négocie une sorte d’arrangement avec le médecin qui doit l’opérer. La dernière nuit de Gabrielle, rue Deschambault, donne lieu à de surprenantes révélations.

Gabrielle arrive à Paris en 1937 pour étudier le théâtre. Soutenue par Andrée Jouve, elle tente de s’adapter à une ville qui lui semble exigeante et dure, tout en luttant contre ses doutes après une audition ratée.

Gabrielle se fait voler sa malle et ses médailles de mérite représentant ses succès passés. Un policier s’engage à retrouver ses biens. Gabrielle poursuit son exploration du théâtre, encouragée par Ludmilla Pitoëff, qui l’invite à assister aux répétitions de La mouette. Gabrielle est bouleversée par la profondeur de la comédienne, mais se sent aussi dépassée par l’exigence folle des Pitoëff. Charlotte tente de l’aider à trouver ses marques, en vain. Gabrielle décide de partir pour Londres, espérant y trouver une autre voie pour son rêve de théâtre.

À Londres, Gabrielle retrouve son ami Bohdan et entame sa formation à la Guildhall School of Music and Drama et au cours privé d’Alice Gachet. Loin du Manitoba, sa relation avec son ami s’approfondit au point où Gabrielle s’interroge sur la nature de leurs sentiments. Elle garde son trouble secret, car Bodhan se voue entièrement à sa passion pour la musique. De son côté, même si elle se donne corps et âme au théâtre, Gabrielle n’éprouve pas la même ferveur. Ses divergences de points de vue avec Alice Gachet affirment son désir de se libérer des carcans et d’être elle-même avant tout.

Gabrielle se sent seule à Londres et son attrait pour le théâtre s’amenuise. À la Guildhall, Miss Rorke la désigne pour lire un difficile passage de Shakespeare. Gabrielle élève une voix hésitante, mais quelque chose se passe en elle, et sa lecture, même imparfaite, émeut l’assistance, parmi laquelle se trouve David, un ténor de passage à la Guildhall. Miss Rorke lui offre des cours particuliers et David l’invite à un récital. Ainsi désirée, Gabrielle semble renaître, mais elle est vite désabusée. Chez Lady Frances où elle se rend, désœuvrée, elle rencontre Stephen Davidovich: c’est le coup de foudre.

Dans les bras de son beau Canadien d’origine ukrainienne, Gabrielle découvre l’amour charnel et la passion. Toutefois, après avoir déclaré son amour à Gabrielle, Stephen disparaît. Soutenue par Lady Frances, Gabrielle tente d’élucider ce mystère, mais constate qu’elle sait peu de choses sur son amant. Quand il réapparaît au bout d’un mois, elle qui s’était promis de rester de glace cède. Dans la chambre où le couple s’aime, Stephen révèle à Gabrielle les vraies raisons de son absence. Pour Gabrielle, la trahison est totale.

Gabrielle marche dans la campagne anglaise pour tenter d’apaiser sa peine d’amour. Ne pouvant rentrer à Londres le soir même, elle trouve un gîte à Upshire chez les Perfect. Esther et son vieux père accueillent la jeune femme avec une bienveillance réparatrice. C’est là que, brisée par un amour impossible, Gabrielle ressent le besoin d’écrire… en français! Son escapade d’un jour se transforme en une résidence de plusieurs semaines, les plus heureuses et les plus prolifiques de son séjour européen. Elle écrit trois textes qu’elle envoie à un hebdo parisien dans l’espoir qu’ils soient publiés.

Grâce à la sollicitude d’Esther, Gabrielle a repris des forces, et son cœur s’est rasséréné. La sérénité d’Upshire est un écrin parfait pour son écriture. Une lettre de l’hebdo parisien auquel elle a soumis ses textes lui apprend que tous seront publiés. Pour la première fois, Gabrielle se sent une vraie écrivaine. Si ce n’était que d’elle, on pourrait croire que tout va bien dans le meilleur des mondes, mais l’Europe tremble devant Hitler. Stephen, qui l’a retrouvée, se pointe chez les Perfect pour d’ultimes retrouvailles et pour sommer sa bien-aimée de rentrer au pays avant que la guerre n’éclate.

En avril 1939, Gabrielle s’embarque pour le Canada. Elle a l’impression que l’Europe n’a été qu’un échec. Une rencontre salvatrice avec un libraire québécois pendant la traversée lui permet de rebondir. À Montréal où elle s’installe, Gabrielle reçoit deux lettres : l’une de sa mère qui espère la voir rapidement à Saint-Boniface, et l’autre de la Commission scolaire de l’endroit, qui la presse de confirmer son retour au travail. Gabrielle est à la croisée des chemins. Elle entreprend la tournée des journaux de la métropole en quête de contrats à la pige, choisissant enfin de vivre de sa plume.